L’été, quand j’étais petit, j’allais jouer « à Garonne », près de mon village…
Un de mes copains à l’accent parisien se moquait toujours de mon oubli du
« la ».
Non, ce n’était pas la Garonne, c’était une Garonne, un gros fleuve grondant à travers la jungle, une frontière infranchissable, même au plus fort du mois d’août quand les roches affleurent comme des iles, où des arbres déracinés viennent s’échouer, attendant l’hiver pour reprendre le voyage.
Les années ont passé, j’ai regardé Toulouse, je l’ai photographiée, pour voir ce que l’on ne voit plus, ce qu’on a sous les yeux, « les yeux les mieux ouverts sont encore des paupières »…
C’est une Garonne imaginée, sans correspondance dans le temps, telle qu’elle aurait pu être et n’a pas été.
C’est une Garonne à la fois nourricière et fondatrice, immobile et voyageuse, toulousaine et d’ailleurs.
Toulouse... Garonne... une chanson qui s’invite avec la force d’un fleuve… et je ne peux plus regarder ces photos sans entendre la voix de Claude Nougaro.